BEST OF FILMS ET SÉRIES 2021

TOP 10 FILMS

Rien de renversant, à mon goût, dans la production de 2021 (déçue par Titane, Dune, The Power Of The Dog, Matrix 4…), mais, je le confesse, de nombreuses sorties m’ont échappé. Voici les dix films de 2021 qui m’ont emballée jusqu’ici.

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1- ANNETTE de Leos Carax (7 juillet 2021)

Tout n’est pas parfait dans cette comédie musicale initiée par le groupe Sparks, mais elle s’impose haut la main comme le film le plus ambitieux, original et impressionnant de l’année. La bande-son n’est pas le moindre de ses atouts. Ma critique ici

 

2 – ILLUSIONS PERDUES de Xavier Giannoli (20 octobre 2021)

Le chef-d’œuvre de Balzac brille de mille feux grâce à la fougue des jeunes acteurs de cette adaptation enlevée et formidablement moderne (Benjamin Voisin, Xavier Dolan, Vincent Lacoste…). Ma critique ici

 

3 – DON’T LOOK UP : DÉNI COSMIQUE de Adam McKay (24 décembre 2021 sur Netflix)

Deux scientifiques américains (Jennifer Lawrence et Leonardo DiCaprio) tentent d’alerter la Maison Blanche sur l’arrivée d’une comète dont la collision avec la Terre, prévue six mois plus tard, sera fatale.  Ni le gouvernement ni les médias, ne les prennent au sérieux. Riches en performances d’acteurs (Meryl Streep en tête…), la farce satirique du diabolique réalisateur de The Big Short, bien qu’un poil trop longue – 2 h 18 –, est aussi jubilatoire que pertinente. Elle peut se voir comme une métaphore de la crise climatique :  la catastrophe est sous nos yeux, mais tout le monde regarde ailleurs.

 

4- RIDERS OF JUSTICE (Retfærdighedens Ryttere) de Anders Thomas Jensen (Novembre 2020 au Danemark – en France septembre 2021 sur Canal+)

 Markus (Mads Mikkelsen), militaire danois basé en Afghanistan, rentre précipitamment chez lui à la mort de sa femme, victime d’un accident ferroviaire. Il doit s’occuper de sa fille adolescente traumatisée par la tragédie. Mais voilà que déboulent deux nerds, dont l’un est un génie des mathématiques, convaincus que l’accident n’était pas si fortuit que ça : il s’agirait d’un attentat fomenté par un gang de criminels. Le sang de Markus ne fait qu’un tour… Maître de la comédie noire (Les bouchers verts, Adam’s Apples, Men & Chicken…), complice de Mads Mikkelsen, Anders Thomas Jensen s’est allié avec le scénariste Nikolaj Arcel pour concocter ce petit bijou d’humour grinçant, aux personnages frappadingues et attachants. De cette histoire de vengeance et de violence, émerge une humanité formidable.

 

5 – BENEDETTA de Paul Verhoeven (9 juillet 2021)

Au 17ème siècle, alors que la peste fait rage en Italie, une jeune religieuse du couvent de Pescia en Toscane (Virginie Efira), capable de faire des miracles, suscite l’adoration des villageois et sème la controverse au sein de l’Eglise. A-t-elle été choisie par Jésus, comme elle le prétend, où est-elle une menteuse et fieffée manipulatrice, comme le croit sa supérieure (Charlotte Rampling) ? Du Paul Verhoeven pur jus, qui entraîne dans l’atmosphère confinée d’un couvent où s’affrontent démons intérieurs, désirs érotiques, mysticisme et jalousies. Passionnant.

 

6 – STILLWATER de Tom McCarthy (22 septembre 2021)

Un foreur de pétrole de l’Oklahoma déboule comme un chien dans un jeu de quilles à Marseille où sa fille est emprisonnée pour un crime qu’elle nie avoir commis. Il veut l’aider à prouver son innocence, mais il se heurte au barrage de la langue et d’une culture qu’il ne comprend pas. Matt Damon et Camille Cottin, en bonne âme, sont épatants dans ce choc des cultures très réussi et mené avec précision par l’auteur oscarisé de Spotlight. Un film populaire dans le bon sens du terme. Ma critique ici

 

7 – THE CARD COUNTER de Paul Schrader (29 décembre 2021)

Oscar Isaac, en mystérieux joueur de poker et de black jack, solitaire et mutique, est impérial dans ce film sombre et crépusculaire, reflet des obsessions du scénariste de Taxi Driver, autant que d’une Amérique désenchantée.  La mise en scène épurée et les ambiances hypnotiques sont fabuleuses. Ma critique ici

 

8- BAC NORD de Cédric Jimenez (18 août 2021)

Un uppercut, adapté d’une histoire vraie, donné par Cédric Jimenez. Avoir osé faire des flics les héros de son histoire a valu au réalisateur bon nombre de critiques, la plupart du temps injustifiées, et une récupération du film par des politiques sans vergogne. Il n’en reste pas moins un bon polar, sincère, âpre et tendu, superbement mis en scène. Ma critique ici

 

9 – THE NIGHTINGALE de Jennifer Kent (2018 – En France le 8 mars 2021 sur OCS)

 Il aura fallu attendre trois ans et la diffusion sur OCS pour découvrir le deuxième long-métrage de l’Australienne Jennifer Kent, réalisatrice du terrifiant Mister Babadook. Disons le tout net, The Nightingale ne fait pas non plus dans la dentelle. Et pour cause : il narre la vengeance implacable de Clare, jeune bagnarde irlandaise, envoyée au début du 19ème siècle comme servante en Tasmanie, alors sous domination anglaise. Alors qu’elle a enfin purgé sa peine, elle pense pouvoir vivre sa vie auprès de son époux et de son bébé. Mais l’officier britannique (Sam Clafin) qui a jeté son dévolu sur elle, ne va pas l’entendre de cette oreille. Après avoir subi l’inimaginable, Clare va poursuivre l’infâme soldat à travers cette contrée sauvage, avec l’aide d’un aborigène. Un film extrêmement éprouvant, mais servi par une actrice (Aisling Franciosi) et une mise en scène époustouflantes. The Nightingale éclaire également sur l’histoire méconnue des aborigènes de Tasmanie, exterminés au cours du 19ème siècle par les colons britanniques.

 

10 – CANICULE (The Dry) de Robert Connolly (2020 – En France le 15 octobre 2021 sur Canal+)

 Depuis Hulk, Troie et Munich, j’ai un faible pour Eric Bana, devenu trop rare au cinéma. Il est ici formidable de sagesse et de mélancolie dans la peau de Aaron Falk, flic de la ville qui revient dans sa bourgade natale de l’outback australien dévasté par la sécheresse, pour y enterrer son ami d’enfance. Ce dernier s’est suicidé avant d’assassiner son épouse et leur fils. Falk ne tarde pas à estimer que ces morts sont suspectes. Elles font écho à une tragédie survenue lorsqu’il était adolescent et dont beaucoup d’habitants le tiennent pour responsable. Bien décidé à découvrir la vérité, il va se heurter à l’hostilité des membres de la communauté qui n’ont guère envie de rouvrir les vieilles blessures. Adapté du best-seller homonyme de Jane Harper, ce polar mélodramatique haletant aux ambiances étouffantes rappelle souvent le fameux Pique-Nique à Hanging Rock, de Peter Weir. Une réussite.

 

TOP 10 SÉRIES DÉCOUVERTES EN 2021

En 2021, les poids lourds comme Gomorra ou Succession n’ont pas démérité ; même The Handmaid’s Tale (La servante écarlate), dont la saison 4 n’a pas fait l’unanimité, a assuré. Mais d’autres séries et mini-séries sont apparues. Parmi ces nouveautés diffusées sur les chaînes et plateformes françaises, voici celles qui m’ont particulièrement enthousiasmée :  

 

1 – AMERICAN CRIME STORY Saison 3 : IMPEACHMENT – USA – 10 épisodes (Canal+ – septembre 2021)

Ryan Murphy et les créateurs de la série d’anthologie ont fait très fort avec cette troisième saison consacrée à l’affaire Monica Lewinsky, qui, en 1998, a failli coûter son mandat présidentiel à Bill Clinton. Ceux qui ont, comme moi, suivi de très loin le « Monicagate », sont tombés de leur chaise en découvrant les tenants et aboutissants de cette histoire, plus complexe qu’il n’y paraît. Adaptée du livre de la principale intéressée, productrice du show, Impeachment dépeint un tableau au vitriol de la scène politique américaine de l’époque et du tsunami médiatique qui a tout emporté sur son passage. Ces dix épisodes tiennent véritablement en haleine et sont emmenés par une distribution de haute volée. Beanie Feldstein (petite sœur de Jonah Hill)  fait une Monica émouvante et Sarah Paulson, très enlaidie, une Linda Tripp détestable à souhait. Clive Owen, Annaleigh Ashford, Colin Hanks, Cobie Smulders, Margo Martindale, Eddie Falco ou encore Mira Sorvino sont de la fête. Brillant !

 

2 – ANNA – Italie – Mini-série de 6 épisodes (Arte – 4 novembre 2021)

Très éprouvante, mais magnifique, la mini-série apocalyptique en six épisodes de Niccolò Ammaniti, adaptée de son propre roman, est un des sommets télévisuels de 2021. Ma critique ici

 

3 – GANGS OF LONDON Saison 1 – Royaume-Uni – 9 épisodes (Canal+ – février 2021)

Apparue en 2020 sur la chaîne Sky Atlantic, l’ultra violente Gangs Of London a été concoctée par les Gallois Gareth Evans et Matt Flannery, responsables en 2011 et 2014 des phénomènes The Raid 1 et 2. Au cours de cette plongée dans les tréfonds de la pègre internationale à Londres, on défouraille tous azimuts, il y a de la perfidie à tous les étages et les traitres passent de sales quarts d’heure. La virtuosité des scènes d’action en met plein la vue. On la déconseille malgré tout aux âmes sensibles. Ma critique ici

 

4 – IT’S A SIN – Royaume-Uni –Mini-série de 5 épisodes (Canal+ – mars 2021)

Deux ans après le monument Years And Years, Russell T Davies revient avec cette mini-série bouleversante sur l’apparition du Sida en Angleterre, inspirée par des personnages de sa propre jeunesse. Déchirante, révoltante, It’s A Sin est aussi une magistrale ode à la vie. Ma critique ici

 

5 ) HOMETOWN CHA-CHA-CHA (Gaetmaeul Chachacha) Corée du Sud – 16 épisodes (Netflix – octobre 2021)

En Occident, force est de constater que la comédie romantique n’est plus qu’un vieux souvenir. Si on est accro au genre, on peut désormais se tourner vers la Corée du Sud et ses dramas feel-good. Celui-ci, paru l’automne dernier sur Netflix, est absolument exquis. Il narre les aventures d’une jeune dentiste renvoyée de son cabinet de Séoul pour avoir refusé d’arnaquer ses patients et qui s’installe dans une petite ville côtière. Elle va tomber sous le charme des habitants pittoresques et d’un en particulier, aussi sympathique que mystérieux (incarné par le craquant Kim Son-Ho, déjà à l’œuvre dans le drama Start-Up). C’est drôle, charmant, touchant, ponctué de chansons pop ad-hoc, bref on adore…

 

6 – SHADOW AND BONE : La saga Grisha – Saison 1 – USA – 8 épisodes (Netflix – avril 2021)

Adaptée de la saga littéraire pour jeunes adultes imaginée par l’Israélienne Leigh Bardugo, cette série d’heroic-fantasy se distingue par ses visuels sublimes, ses costumes et décors flamboyants, et sa brochette de jeunes acteurs charismatiques et doués. Entre Le monde de Narnia et À la croisée des mondes, l’intrigue (dense et pas toujours limpide au demeurant) emmène dans un univers fabuleux inspiré de la Russie des tsars. Une jeune orpheline découvre qu’elle possède des pouvoirs magiques et devient un objet de convoitise pour des clans opposés, dont celui dirigé par le redoutable général Kirigan (Ben Barnes), maître des ténèbres. On espère une saison 2.

 

7 – MARE OF EASTTOWN – USA – Mini-série de 7 épisodes (OCS -mars 2021)

C’est parce que son auteur, Brad Ingelsby, a grandi dans une petite ville similaire de Pennsylvanie que cette mini-série apparaît si authentique. Mare Sheehan n’a pas quitté sa bourgade, où tout le monde se connaît et surtout, connaît le passé des uns et des autres. Ancienne basketteuse de l’équipe locale qui a connu une heure de gloire, Mare n’a depuis eu que des mésaventures dont une tragédie, et, lentement, mais sûrement, sa vie s’est désagrégée. Même son boulot de flic, pour lequel elle est douée, ne la rend pas heureuse. L’enquête non résolue sur la disparition d’une jeune femme la hante, d’autant que la mère de la jeune fille ne cesse de pointer son incompétence du doigt. Normal que Mere ne respire pas la joie de vivre. Au début, on se dit que Kate Winslet, qu’on a connu plus glamour, en fait un peu trop, qu’elle cabotine (l’actrice anglaise s’exprime même avec l’accent local, le Delco, typique du Delaware). Mais son jeu nuancé et son humour pince-sans-rire nous rallient à sa cause. Dans cette intrigue policière pleine de ramifications et de chausse-trappes, la promiscuité des personnages impliqués ne fait que compliquer la donne. Chacun a quelque chose à cacher et paraît suspect. Même le bel écrivain (Guy Pearce) débarqué à Easttown paraît trop séduisant pour être vrai. La brochette d’acteurs, toutes générations confondues, est magnifique (Jean Smart, Julianne Nicholson, Evan Peters, Joe Tippett…). On valide.

 

8 – OCTOBRE  (The Chestnut Man) – Danemark – Mini-série de 6 épisodes (Netflix – septembre 2021)

Søren Sveistrup, célèbre créateur de The Killing, a adapté ici son propre roman. Si vous aimez frissonner devant les thrillers scandinaves, cette mini-série, habile et superbement interprétée, est faite pour vous. Ma critique ici

 

9 – LE SERPENT (The Serpent) – Royaume-Uni – Mini-série de 8 épisodes (Netflix – avril 2021)

Dans les années 70-80, l’histoire vraie du redoutable tueur en série Charles Sobhraj, psychopathe qui a tenu la police en échec pendant un bail. Un récit édifiant et passionnant, auquel la performance de Tahar Rahim, glaçant, donne une dimension encore plus effroyable. Ma critique ici

 

10 – SKY ROJO – Saisons 1 & 2  Espagne – (Netflix -mars et juillet 2021) 

À Tenerife, trois prostituées tentent d’échapper aux hommes de main de leur proxénète, l’infâme propriétaire du club Las Novias… Mitonnée, entre autres, par Alex Pina, créateur de La Casa De Papel, cette série sous influence Tarantino est un régal. Violent, sexy, absurde, et surtout très drôle, ce pulp aux couleurs criardes et saturées embarque dans une folle course-poursuite truffée de rebondissements plus délirants les uns que les autres. Impossible de ne pas craquer pour ces trois filles fougueuses et attachantes (à défaut d’être toujours futées), qu’on voudrait avoir comme copines. Il est question d’une saison 3.

BONNE ANNÉE 2022 À TOUS MES LECTEURS ! 

 

WISHLIST NOËL 2021

Quinze cadeaux à s’offrir entre cinéphiles (l’ordre n’a pas d’importance).

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1 – Le plus nostalgique

 BILLY WILDER ET MOI (Mr Wilder And Me)
Jonathan Coe
Collection Du monde entier – Gallimard
Publié le 8 avril 2021 – 22 €

L’auteur britannique de Testament à l’anglaise et de La vie très privée de Mr Sim imagine la rencontre fortuite, en 1977, d’une étudiante grecque avec le légendaire réalisateur de Certains l’aiment chaud. Elle n’est pas cinéphile, n’a jamais vu un seul film du maître, mais elle va se retrouver interprète sur le tournage de Fedora. Entre cette jeune femme solaire et le vieux cinéaste dont la notoriété et le succès se sont étiolés, se forgera une belle amitié. Un roman charmant, truffé d’anecdotes réelles (on y croise Marthe Keller, Al Pacino et surtout I.A.L. Diamond, le scénariste génial de Wilder) issues d’un vrai travail de recherche de la part de l’auteur.

 

2 – Le plus édifiant

ALICE GUY
Catel & Bocquet
Éditions Casterman
Publié le 22 septembre 2021 – 24,95 €

Paru en 2018, Be Natural, le documentaire de Pamela B. Green, produit par Martin Scorsese, réhabilitait la Française Alice Guy-Blaché, première réalisatrice de l’histoire du cinéma. Catel (au dessin) et José-Louis Bocquet (à l’écriture) enfoncent le clou avec ce magnifique roman graphique, extrêmement documenté et passionnant. Engagée comme secrétaire par Léon Gaumont en 1894, Alice Guy-Blaché dirigera ensuite la production de cette société puis la sienne, Solax, implantée à Fort Lee aux États-Unis. On lui attribue aujourd’hui mille films. Pourtant, cette contemporaine des frères Lumière, Georges Méliès, Louis Feuillade ou Charlie Chaplin a été jusqu’à aujourd’hui injustement oubliée des livres d’histoire et des encyclopédies. Pire : son travail a été attribué à d’autres, des hommes, bien sûr.

 

 

3 – Le plus « Nouvelle Vague »

LES AVENTURES D’ANTOINE DOINEL Coffret Blu-ray
La saga en 5 films de François Truffaut
Carlotta Films
Publié le 1er décembre 2021 — 50 €

Les 400 coups, Antoine et Colette, Baisers volés, Domicile conjugal, L’amour en fuite ont été pour l’occasion restaurés en 4K. Ce coffret 4-Blu-ray, inespéré pour les fans de François Truffaut, assortit les films de pléthore de suppléments, dont le court-métrage Les mistons, mais aussi des commentaires audio, des entretiens, des reportages d’époque, des essais des comédiens etc. Il existe aussi en version HDR (High Dynamic Range), pour une qualité d’image encore plus impressionnante, à 75 €. Pour couronner le tout, les visuels du coffret et des jaquettes de chaque film, signés par l’artiste Tom Haugomat, sont sublimes.

 

4 – Le plus iconique

FRANÇOIS TRUFFAUT – FILM PAR FILM
Laurent Delmas, Christine Masson
Éditions Gallimard
Publié le 14 octobre 2021 — 39,90 €

On en revient toujours à Truffaut. Les deux critiques et chroniqueurs de l’émission de cinéma On aura tout vu, sur France Inter, se sont penchés sur l’œuvre du père d’Antoine Doinel. L’histoire de chacun des vingt-cinq films du réalisateur est évoquée à grand renfort d’anecdotes de tournage et de belles photographies. Un très beau livre, malgré une photo de couverture un peu tristounette, dont la préface, intitulée Pourquoi François Truffaut nous est indispensable, est signée Arnaud Desplechin, ce qui ne gâte rien.

 

5 – Le plus romantique

PANDORA Coffret Ultra Collector Combo Blu-ray + DVD
Albert Lewin
Carlotta Films
Paru le 27 octobre 2021 — 49,99 €

Dans les années 30, la rencontre entre une chanteuse américaine et un homme mélancolique qui n’est autre que le Hollandais volant de la légende, condamné à errer sur les mers jusqu’à ce qu’une femme soit prête à mourir pour lui… La divine Ava Gardner et James Mason ont fait de cette relecture d’un mythe un chef-d’œuvre du 7ème art. Même si on a l’impression de connaître le film par cœur, on le découvre ici dans toute sa splendeur, grâce à la restauration 4K. Il est enrichi de bons suppléments dont les souvenirs de tournage du chef opérateur Jack Cardiff, d’un beau livre de 160 pages de Patrick Brion, incluant 30 photos d’archives et d’un chouette marque-page numéroté (ce coffret Ultra Collector est le 20ème de la collection). À noter que le film est également disponible en éditions simples séparées, Blu-ray ou DVD, à 19,99 €

 

6 – Le plus cérébral

MICHAEL MANN – MIRAGES DU CONTEMPORAIN
Jean-Baptiste Thoret
Éditions Flammarion
Publié le 22 septembre 2001  – 35 €

Jean-Baptiste Thoret est « le » spécialiste de Michael Cimino. Mais pas que. Il admire aussi beaucoup Michael Mann, qui fait le lien entre le Nouvel Hollywood (Mann réalise son premier film, Le solitaire, en 1981) et aujourd’hui, imprimant de sa marque singulière, décennie après décennie, une industrie hollywoodienne formatée. Le dernier des Mohicans, Heat, Collateral, Miami Vice… À cheval entre le classique et le moderne, le film d’auteur et le blockbuster, ce cinéaste esthète qui ne cesse d’approfondir son style et ses obsessions méritait cette analyse pointue de l’historien et critique français, fruit de vingt-cinq années de réflexion sur l’œuvre du réalisateur américain.

 

7 – Le plus cool

COWBOY BEBOP INTÉGRALE
Edition Gold (Dybex)
Paru en 2008  – 9,99 € chez Auchan

Un tout petit prix pour un grand cru. Si vous n’avez pas été conquis par la récente adaptation en live action, diffusée sur Netflix, vous pouvez vous consoler avec ce coffret 7-DVD. Les vingt-six épisodes de la série d’animation culte de Watanabe Shinichirô sont assortis d’un livret. See you space cowboy…

 

8 – Le plus « eighties »

COFFRET JOHN HUGHES – 5 FILMS
Edition Blu-ray ou DVD Paramount Exclusivité Fnac
Paru le 12 octobre 2021 – 39,99 € BR ou DVD

Si, comme moi, vous étiez jeune dans les années 80 et fan de John Hughes par-dessus le marché, ce coffret est juste indispensable. Seul bémol, il ne comprend pas Breakfast Club. Mais il regroupe Un ticket pour deux (Planes, Trains And Automobiles) et les comédies ado La folle journée de Ferris Bueller (Ferris Bueller’s Day Off), Rose Bonbon (Pretty In Pink), dont deux moins connues : La vie en plus (She’s Having A Baby) avec Kevin Bacon et Elizabeth McGovern, et l’épatante La vie à l’envers (Some Kind Of Wonderful) réalisée par Howard Deutch (écrite et produite par John Hughes) avec l’exquis trio Eric Stoltz, Mary Stuart Masterson et Lea Thompson.

 

9 – Le plus exotique

DICTIONNAIRE DU CINÉMA CORÉEN
Antoine Coppola
Éditions Nouveau Monde
Paru le 17 novembre 2021 – 22,90 € BR

Les récents succès de Parasite, Dernier Train pour Busan ou de la série Squid Game en témoignent : la Corée du Sud en a sous le capot. Pour mieux appréhender le fruit de cette industrie en plein essor, le critique Antoine Coppola a sélectionné les films qui comptent, parus au cours des deux dernières décennies, mais aussi les réalisateurs et les acteurs. On y découvre aussi des études thématiques, des bilans annuels etc. Antoine Coppola est professeur à l’université Sungkyunkwan de Séoul. Autant dire qu’il sait de quoi il parle.

 

10 – Le plus enchanteur

FRANÇOIS DE ROUBAIX – COMPOSITEUR ET AVENTURIER
Coffret 5 LP Couleur
Collection Écoutez le cinéma !
Paru en novembre 2021 — 98,99 €

Une anthologie en vinyle pour les amoureux de ce monument de la musique de film, auquel on doit des thèmes inoubliables (Les aventuriers, Le vieux fusil, Le samouraï…). Si ce coffret de rêve, incluant des titres jamais réédités, ne rentre pas dans votre budget, vous pouvez toujours vous tourner vers d’autres vinyles de la collection, comme celui-ci, à 14,99 €

 

11 et 12 – Les plus fondamentaux

SUR LA ROUTE DE CLINT EASTWOOD
Marc Godin

QUENTIN TARANTINO – LE CINÉMA DANS LE SANG
Marc Godin et Denis Brusseaux

Éditions du Layeur
Parus le 2 décembre 2021 — 29,90 € chacun

Ces deux beaux ouvrages reliés, tous chauds pour Noël, se penchent sur la filmographie de deux réalisateurs essentiels du cinéma américain, dont l’un est une légende. Retour sur la filmographie, iconographie somptueuse, anecdotes, interviews. Bref, deux livres incontournables !

 

13 – Le plus poignant

PATRICK DEWAERE — À PART ÇA LA VIE EST BELLE
Laurent-Frédéric Bollée et Maran Hrachyan
Éditions Glénat
Publié le 6 janvier 2021

Un bel hommage en bande dessinée à Patrick Dewaere, acteur génial et écorché vif, qui s’est donné la mort à trente-cinq ans. Le livre met en exergue son côté sombre, torturé, hypersensible et sale gosse, souvent. On y croise Serge Gainsbourg, Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Coluche, Lino Ventura, Bernard Blier… Il reste notre James Dean à nous.

 

14 – Le plus spirituel

UNE ABONDANCE DE PIGEONS
Harry Bliss et Steve Martin
Éditions Baker Street
Publié le 9 juin 2021 — 20 €

Lorsqu’un célèbre dessinateur du New Yorker et un comique de la trempe de Steve Martin se rencontrent, ça fait des étincelles ! Ce recueil de dessins humoristiques est un régal. Des histoires de chiens et chats à l’espace galactique ou aux musées d’art, tout est prétexte à une réflexion pertinente, comme ce couple se promenant au bord de la mer qui découvre qu’il y a un homme au loin, sur la falaise. Le premier se retourne vers sa compagne et dit : « Il y a trop de monde, on s’en va. »

 

15 – Le plus imposant

JANE CAMPION par JANE CAMPION
Michel Ciment
Cahiers du Cinéma
Publié en 2014 — 24,99 €

Certes, ce n’est pas une nouveauté, mais il est toujours disponible, à un prix très abordable, et on s’en réjouit. Ce très beau livre plutôt monumental regroupe trente ans d’entretiens de la cinéaste avec le critique Michel Ciment. Toutes ses œuvres sont abordées jusqu’à l’épatante série Top Of The Lake, et illustrées avec des photos magnifiques, dont certaines proviennent des archives personnelles de Jane Campion. En bonus, on y trouve le DVD du chef-d’œuvre La leçon de piano. À noter que que la réalisatrice néo-zélandaise est mise à l’honneur sur Netflix pour les fêtes. Outre The Power Of The Dog, son dernier cru, la plateforme propose de retrouver Sweetie, La leçon de piano et Bright Star.

★★ ET JOYEUX NOËL ! ★★

BONS BAISERS DE HONG KONG My Heart Is That Eternal Rose/Man On The Brink

Disponibles depuis cet été chez Spectrum Films, éditeur indépendant français spécialiste de cinéma asiatique, ces deux perles made in Hong Kong sont à re(découvrir) d’urgence. Les films, d’excellente facture, sont accompagnés de suppléments tout bonnement remarquables.

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« Dans un monde où tout peut arriver sans qu’on s’y attende, on ne peut s’accrocher qu’à ses propres croyances. » Patrick Tam

  

MY HEART IS THAT ETERNAL ROSE (Sha Shou Hue Die Meng)

Patrick Tam
1989

Oncle Cheung (Hoi-San Kwan), ancien membre d’une triade aujourd’hui rangé des voitures, tient un bar prospère au bord de la mer, dans lequel sa ravissante fille, Lap (Joey Wang), est serveuse. Un jour, un caïd de son passé vient lui demander un service qu’il ne peut refuser : s’assurer de faire rentrer clandestinement son fils sur le territoire. Oncle Cheung accepte à contrecœur et demande à Rick (Kenny Bee), le petit ami de Lap, de lui servir de chauffeur. Les choses vont mal tourner…

Comme le précise Arnaud Lanuque, spécialiste de cinéma de Hong Kong, dans l’interview qui complète cette édition, la traduction du titre original serait plutôt Le rêve papillon du tueur. Dans tous les cas, il annonce la couleur : celle d’un romantisme exacerbé. Ce beau film, un peu oublié par les amateurs du genre, est paru en 1989, en plein âge d’or du cinéma de Hong Kong. C’est l’année de The Killer, chef-d’œuvre de John Woo, réalisateur qui a marqué de son empreinte l’ « heroic bloodshed » (« carnage héroïque »), un genre à jamais associé au cinéma de l’ex-colonie britannique. Avec ses séquences sanglantes et scènes de bravoure, My Heart Is That Eternal Rose s’inscrit dans cette lignée, même si le polar aux accents mélodramatiques de Patrick Tam tient davantage de la romance criminelle. Le cinéaste est de la même école que Wong Kar-Wai, dont le magnifique As Tears Go By était paru l’année précédente et dont Tam a porté à l’écran, en 1987, un des premiers scénarios (Final Victory). On relève d’autres points communs avec l’univers du fameux réalisateur de In The Mood For Love. Le directeur photo ici n’est autre que l’Australien Christopher Doyle, chef-opérateur attitré du cinéaste. Figure également dans la distribution l’un de ses acteurs fétiches : Tony Leung Chui-Wai. Celui-ci campe avec brio le jeune Cheung, un des hommes de main de Shen (Michael Chan Wai-Man), l’infâme chef de gang qui exploite la jolie Lap. Touché par le destin cruel de la jeune femme et secrètement amoureux d’elle, le sensible et chevaleresque Cheung va mettre sa vie en péril pour la sauver. La prestation de Tony Leung n’est pas le seul atout de ce film intense et poétique, hanté par la chanson sirupeuse et envoûtante que Lap interprète dans le club de Shen lors d’une sublime séquence. Il est peu de dire que la star taïwanaise Joey Wang, révélée par le fameux Histoires de fantômes chinois de Tsui Hark, illumine cette histoire d’amour contrariée et impossible, empreinte de mélancolie sur la fatalité et le temps perdu. Une merveille ;
1 h 30 Et avec Gordon Liu Chia-Hui, Chi-Ping Chang, Tat-Ming Cheung…

BANDE-ANNONCE

 

TEST EDITION BLU-RAY

Interactivité ****
Le combo Blu-ray-DVD (superbe visuel) enrichit le film d’excellents suppléments. Une interview d’Arnaud Lanuque (15 minutes) éclaire sur la personnalité de Patrick Tam, ancien critique qui a fait ses classes à la télévision, avant de devenir réalisateur. Cinéaste éclectique et intellectuel, connaisseur des arts et de la philosophie occidentale, Tam n’a hélas pas trouvé sa place dans un cinéma de Hong Kong devenu très commercial. S’il revient épisodiquement derrière la caméra, il est surtout devenu un éminent professeur de cinéma. Un documentaire de 50 minutes, In The Mood For Doyle, réalisé par Yves Montmayeur en 2006, est consacré au chef opérateur Christopher Doyle, Australien qui a choisi de vivre à Hong Kong. On peut y entendre, entre autres, Gus Van Sant et Olivier Assayas. Sur le Blu-ray uniquement, on profite d’une interview pleine de sagesse de Patrick Tam par Arnaud Lanuque (30 minutes) puis du producteur John Shum (12 minutes). On ne négligera pas non plus la pertinente analyse du film par l’essayiste Alex Rallo (29 minutes).

Image ***
Format : 1.77
Une copie très propre, vaporeuse parfois, mais le plus souvent magnifiquement contrastée, qui met en valeur la photo aux couleurs symboliques de Christopher Doyle (cascades de bleus, de rouges, de violets…).

Son ***
DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 en cantonais sous-titré français
Une fois n’est pas coutume, c’est la version mono, plus dynamique, qui s’en sort le mieux. La version 5.1, aux effets essentiellement frontaux, est bien trop timide.

 

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« À bien des égards, le policier infiltré est le sous-genre du polar le plus emblématique de Hong Kong, et le plus symbolique de la confusion identitaire de ses citoyens. » Arnaud Lanuque

 

 

MAN ON THE BRINK (Bin Yuen Yan)

Alex Cheung
1981

Jeune agent de la police de Hong Kong nouvellement promu, Ho Wing-Chiu (Eddie Chan) est intègre et animé d’intentions louables. Un jour, son supérieur (Lun Chia) lui propose de prendre du galon s’il accepte d’infiltrer un gang de triades. Il ne doit révéler sa nouvelle identité à personne, pas même à sa petite amie. Au début, Ho prend la mission comme un jeu. Mais passer d’un monde à l’autre va devenir de plus en plus difficile…

Man On The Brink est le deuxième long-métrage d’Alex Cheung, dont le premier film, Cops And Robbers (Dian Zhi Bing Bing), sur les écrans en 1979, avait fait figure de petite révolution dans l’univers du polar hongkongais. Réalisateur issu de la télévision, Cheung prise le réalisme, la caméra à l’épaule et le tournage en extérieur, dans les rues grouillantes de préférence. Son sens du rythme, les prises de vues subjectives et la représentation de la violence (on s’intéresse aux conséquences plus qu’à la glorification de celle-ci) font également merveille dans ce Man On The Brink tourné deux ans plus tard. Inspiré des confidences d’un ex-policier qui avait travaillé sous couverture, le film narre la descente aux enfers d’un jeune flic intègre qui va peu à peu perdre son identité et ses repères. Eddie Chan, étoile montante à l’époque, incarne admirablement ce jeune homme de bonne volonté dont la vie bascule irrémédiablement dans le chaos. La crise existentielle de Ho est au cœur de ce polar sombre, implacable, viscéral et d’une grande honnêteté, qui ne cherche pas à rendre les scènes d’action héroïques ou spectaculaires. Men On The Brink met également en lumière la corruption qui gangrène la police locale et les rapports tendus entre celle-ci et la police coloniale, la première tolérant mal d’être dirigée par la seconde. Ce double jeu constant reflète les paradoxes de Hong Kong, écartelée entre traditions locales séculaires et valeurs occidentales. Applaudi par la critique à sa sortie, le polar d’Alex Chung est, selon les observateurs, à l’origine d’un sous-genre, celui du policier infiltré, qui offrira au cinéma de Hong Kong ses plus beaux coups d’éclat : City On Fire, de Ringo Lam (1987), À toute épreuve, de John Woo (1992) ou Infernal Affairs d’Andy Lau et Alan Mak (2002). La scène finale est mémorable.
1 h 40 Et avec Oi-Tsu Fung, Hing-Yin Kam, Ling Wei Chen, Ka Wai Cheung…

BANDE-ANNONCE

 

TEST EDITION BLU-RAY

Interactivité ****
Comme dans l’édition de My Heart Is That Eternal Rose, on profite ici d’un travail éditorial soigneux : présentation d’Arnaud Lanuque (8 minutes) et analyse par Alex Rallo (20 minutes). Le Blu-ray enrichit le programme d’une autre salve de suppléments, à commencer par une longue interview du réalisateur (72 minutes), qui insiste sur le fait que le job de flic infiltré était quasiment inconnu du public dans les années 70 (et que lui-même n’en avait jamais entendu parler !). Une sympathique table ronde consacrée au film, enregistrée à Hong Kong en 2019, permet de découvrir toute l’équipe (75 minutes). On peut également avoir un aperçu du tournage grâce à des images capturées en 8 mm : on y voit le cinéaste, caméra à l’épaule, courir derrière ses acteurs, et les diriger pour le combat de rue (14 minutes). Enfin l’équipe du Podcast Steroid — Exégèse des Gros Bras revient sur le film dans un numéro spécialement enregistré pour cette édition. La bande-annonce figure également au menu.

Image ***
Format : 1.77
Une copie soignée, sans défaut majeur. Les couleurs sont naturelles et les contrastes probants, même dans les séquences nocturnes.

Son ***
DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 en cantonais sous-titré français
On relève un bon dynamisme de la piste 5.1, même si elle reste principalement frontale. La piste mono, plus conservatrice, est tout à fait honorable.

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